SURFACE

La surface pure | The pure surface

La série Surface envisage la couleur comme un champ d'exploration où une forme unique devient une surface - seuil, révélant à la fois la profondeur de l'image et celle de l'esprit.

Surface envisions colors as a field of explorations where a single form becomes a threshold - surface , revealing the depth of the image as well as the depth of the mind.

Démarche | Process

La série Surface de l’artiste contemporaine québécoise Annie Labbé constitue un moment déterminant dans son exploration de la peinture abstraite, du champ chromatique et des mécanismes de la perception. D’abord développée sous le titre Carré, la série envisage la couleur comme un territoire à la fois pictural et mental. Chaque œuvre s’articule autour d’une forme frontale et épurée dont l’étendue colorée agit à la fois comme seuil et comme espace d’immersion. Par la présence affirmée de cette forme essentielle, Labbé propose une rencontre directe avec la couleur — traitée non seulement comme matière visuelle, mais aussi comme lieu de projection, d’interprétation et de résonance intérieure.

Au fil du temps, la série Surface s’est enrichie d’interventions gestuelles plus subtiles — tracés lumineux, vibrations linéaires, perturbations directionnelles — qui activent la surface picturale et révèlent la perméabilité du champ chromatique. Ces éléments discrets mais structurants introduisent un rythme interne et nuancent l’apparente stabilité minimaliste des formes. Ils participent ainsi à l’élaboration d’un langage visuel fondé sur la lumière, le mouvement et la profondeur perceptuelle, caractéristiques centrales de la pratique abstraite de Labbé.

En 2012, le contexte sociopolitique du Printemps érable infléchit momentanément la réception de son travail. La forte visibilité du carré rouge projette malgré elle une charge symbolique sur des œuvres pensées comme expériences sensibles de la couleur. Labbé choisit alors de suspendre la série afin de préserver une relation non idéologique entre l’œuvre et le regardeur. Cette pause entraîne une réflexion sur la construction des territoires visuels, qui mènera à la création de la série Espace — autre volet important de la démarche de l’artiste.

Avec la reprise de Surface en 2015, la couleur retrouve son statut de champ d’exploration autonome : un espace capable d’accueillir autant la densité que la transparence, autant la stabilité formelle que la pulsation gestuelle. Depuis, Annie Labbé poursuit l’élaboration de cet espace pictural comme zone d’expérience essentielle, où forme, lumière, couleur et geste coexistent dans un processus continu de transformation. Chaque peinture de la série Surface fonctionne dès lors comme un lieu offert à la perception : un environnement chromatique qui accueille, absorbe et, ultimement, déplace le regard.

The Surface series by Canadian contemporary artist Annie Labbé represents a pivotal investigation into abstract painting, color fields, and perceptual experience. Originally developed under the title Carré, the series examines color as both a pictorial territory and a mental space. Each work is structured around a frontal, purified form whose chromatic expanse functions simultaneously as a threshold and an immersive field. Through the assertive presence of this essential shape, Labbé establishes a direct encounter with color—treated not only as material but as a space of projection, interpretation, and inner resonance.

Over time, the Surface series has expanded to include subtle gestural interventions—luminous traces, linear vibrations, and directional movements—that activate the pictorial surface. These elements, discreet yet formally significant, reveal the permeability of the chromatic field and introduce a dynamic rhythm within what initially appears to be minimalist stability. This dialogue between the stability of form and the mobility of gesture contributes to Labbé’s broader exploration of perception, light, and spatial depth in contemporary abstract art.

In 2012, the sociopolitical context of the Printemps érable momentarily reframed public interpretation of the work. The symbolic prominence of the red square inadvertently imposed external meaning onto paintings intended as sensory encounters with color. In response, Labbé suspended the series to preserve the possibility of a non-ideological relationship between viewer and artwork. This interlude led to further reflection on the construction of visual territories, giving rise to the Espace series—another major component of her artistic practice as a Québec-based abstract painter.

When Surface resumed in 2015, color re-emerged as a liberated, autonomous field of investigation—capable of holding density and transparency, formal clarity and gestural pulse. Since then, Annie Labbé has continued to develop this pictorial space as a vital zone of experience, where form, light, color, and gesture coexist in a state of continuous transformation. Within this framework, each painting in the Surface series operates as a site offered to perception: a chromatic environment that receives, absorbs, and ultimately shifts the viewer’s understanding of visual space.